Ô combien est maudit ce jour ou, pleine de puissance, la femme se heurte au monde. À ce monde pensé par l'homme pour l'homme. Laquelle de nous, ne c'est jamais retrouvée face à son impuissance féminine? Que ce soit au cours d'un entretien d’embauche, auprès d'un livreur un peu trop misogyne, d'un policier trop sur de son uniforme ou d'un docteur mettant en avent la sensiblerie toute féminine. Nous avons beau nous battre, crier, lacérer becs et ongles sanglant le patriarcat ,il est là, toujours, il rôde dans les pensées, s'encre dans la tête de nos enfants. Nous hurlons à l’émancipation, à la reconquête de nos droits, à la reconnaissance de notre valeur dans un monde qui ne cherche qu'à se servir de ces revendications pour adoucir encore la vie de nos bourreaux sous couvert d'égalité. Combien sommes-nous à nous soumettre à une vie de couple, famille hétéro normée au goût de normalité profondément asymétrique, ou la vie du foyer repose sur l'abnégation consentie de la femme. Lesquelles d'entre nous n'ont jamais répondu à la fameuse question du bonheur avec tiédeur et résignation ,quand la phrase fatale, miroir de notre renoncement nous échappe « je ne suis pas heureuse, mais je ne suis pas malheureuse non plus » . Combien sommes-nous, à laisser couler les perles de sel sur nos joues sous le couvert bienfaisant de l'eau brûlante du jet de notre douche, moment volé entre deux obligations, le seul parfois de notre journée nous appartenant vraiment. Combien sommes-nous à rêver de mieux, à savoir au plus profond de nous que nous aspirons à mieux, méritons mieux et combien sommes nous à en être matériellement et psychologiquement capable ? Car ne nous mentons pas ,un inconfort confortable est moins effrayant qu'un possible meilleur avenir flou. Nous nous soumettons car nous sommes conditionnées à la douceur, l’abnégation ,au renoncement, convaincue de l'indispensable masculin pour retirer les épines de roses qui risquent de blesser nos pieds délicats en oubliant que les épines protègent la rose des prédateurs uniquement attirés par sa beauté. Museler sont nos rêves, diminués, abâtardit voir moqués, par des hommes dont la soif de contrôle n'a d’égale que la peur de la rencontre avec un autre qui leur serait commun. Notre liberté nous glisse entre les doigts à peine l'entrevoyons nous... Nous sommes sensations, ressentis et courage dans un monde de mirage, de faux-semblant, de culpabilisation de la mère, de la femme, de l’épouse, de la fille, de l'amante... Soumise aux désirs des parents, puis du mari paternaliste qui régit sa maison sceptre à la main, guidant son petit univers d'une poigne de fer, rabaissant, humiliant, culpabilisant ,pointant sans interruption, les failles de ce sexe faible sur lequel repose pourtant l'équilibre de sa maison et garantie sa liberté, acquise sur le dos de celle qu'il dit aimer. Alors qu'il n'a effleuré que la surface de cet être complexe dont il ne souhaite voir que ce qu'il souhaite qu'elle soit. Pas de rencontre, une projection ,tout au plus, de ce qu'il souhaite que sa compagne soit, de son fantasme que par amour elle s'efforcera d'incarner au nom d'un cœur menteur.
Ils se galvanisent de nos faiblesses, se nourrissent de notre tristesse ,tout en nous reprochant la perte de notre sensibilité quand la rudesse de leurs comportements inspire nos manières en mécanisme de survie. Alors le cœur se gonfle de jour en jour des torrents de larmes retenus, les digues cèdent, les flammes de la colère embrasent les terres psychiques et c'est l'implosion, la fragmentation de l'être, le cri de l’âme, l’effondrement du cœur.
Alors La sauvage , l'insoumise détruit tout, elle rugit, déchiquette, écume de rage. Elle n’est plus, elle ne peut plus, c’est ça ou la mort. Et elle ne se laissera pas partir sans combattre.
Elle tire sur les chaînes du doute, de l'impuissance supposée du féminin, elle ronge ses os, déchire ses muscles.
Elle se glisse entre les barreaux, elle ouvre ses bras sur l'ombre, embrasse sa douleur et maudit le monde. C'est cela une femme fatale et elle est votre œuvre , hommes stupide, suffisant et cruel, le faire valoir de votre gloire sans qui elle n’existerait pas.
Les temps changent, entendez les cris de rage, le fracas des larmes, l’écume des rages des siècles passer.
Méfiez-vous des femmes. Elles se réveillent.
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